Le rendez-vous était donné du côté du Centre culturel France-Arbour, cette fin de semaine, à l’occasion des célébrations entourant le 55e anniversaire de l’Association de Granby pour la déficience intellectuelle et l’autisme (AGDIA).

Les membres de l’association accueillaient leurs invités sur l’heure du midi, ce samedi, pour le lancement officiel des festivités. L’occasion était choisie pour discuter avec des personnes vivant avec la Déficience intellectuelle (DI) ou le Trouble du spectre de l’autisme (TSA). Certains, visiblement fébriles, partageaient leurs passions pour la confection d’objets, la photo, le dessin ou la cuisine.

Des membres de l’AGDIA montraient leurs talents d’artistes à l’ouverture des célébrations. (Jimmy Plante/La Voix de l’Est)

Au programme: discussion, léger goûter, prises de parole et visionnement d’un court-métrage. Notons que des élus municipaux, conseillers et maires, se sont joints aux festivités et aux membres du regroupement, soit Geneviève Rheault, Denyse Tremblay, Julie Bourdon et Louis Villeneuve. Sans oublier la députée fédérale de Shefford, Andréanne Larouche.

Un brin d’histoire

Les défis et les préjugés sont encore trop nombreux en société. Mais une personne aux besoins particuliers fait partie à part entière de la société d’aujourd’hui. Grâce aux organismes comme l’AGDIA, elle peut pratiquer des activités, découvrir des passions, socialiser et même s’intégrer au marché du travail.

Beaucoup de chemin a été parcouru. À une certaine époque, le fait de donner naissance à une personne «différente» était considéré comme «une punition de Dieu pour ses péchés». Dans les années 1950, par exemple, une personne portant la déficience intellectuelle, l’autisme ou la trisomie était internée en institut. Sans possibilité d’éducation ou d’insertion en communauté.

 

«Lors de mes études en éducation, il y a 30 ans, on me disait qu’une personne autiste ne pouvait pas communiquer» – Diane Dumon, directrice générale de l’AGDIA. (Jimmy Plante/La Voix de l’Est)

Un vent de changement a toutefois soufflé dans les années 1980, au moment où la société a débuté la désinstitutionnalisation. Dans les années 1990, les personnes aux besoins particuliers étaient enfin considérées comme «des humains à part entière».

Ces faits historiques ont été présentés, comme tant d’autres, lors de la projection du court-métrage Tu es mon humanité, écrit et réalisé par Valérie Banville. Il a bénéficié de la participation des membres de l’AGDIA, dont Camylle LeSieur et Jules Saint-Jean-Banville, ainsi que du personnel et de la directrice générale de l’organisme communautaire, Diane Dumont.

«Combien d’entre vous savez le nombre de personnes vivant avec la Déficience intellectuelle ou le Trouble du spectre de l’autisme à Granby? Plus de 3000 citoyens. Un peu plus de la moitié vivent avec une déficience intellectuelle. Dans cette moitié, 90% vivent avec une déficience légère», a mentionné Mme Dumont, lors d’une allocution.

Autre fait étonnant: l’espérance de vie d’une personne à défis particuliers était de 20 ans dans les années 1950. Aujourd’hui, elle est d’environ 70 ans.

Quelques témoignages

L’heure était ensuite aux témoignages. Du nombre, un spécialiste de la biologie ayant fréquenté l’association à une époque. Laurent Ide a partagé une histoire parsemée d’embûches, de résilience et de rencontres marquantes.

«Imaginez-vous un petit bonhomme qui restera à l’âge de 15 ans toute sa vie. Qui ne sera jamais capable de lire. C’est mon cas. Les outils que les gens ont ne sont pas les miens. Je dois trouver les miens», a avoué ce dernier.

«J’ai toujours eu besoin d’avancer. Mais j’étais confronté à l’absence d’outils pour y arriver et à l’incompréhension des gens. Lorsque j’ai visité l’AGDIA, ils m’ont compris en 30 minutes à peine. Ils ont réussi à me faire atteindre un sentiment de sécurité, une confiance en mes moyens»

—  Laurent Ide

Stéphane Beaudin est quant à lui papa d’un jeune enfant autiste. De son propre aveu, il a trouvé les ressources et le répit nécessaires au sein de l’AGDIA.

«C’est un cadeau pour beaucoup de parents! Un organisme qui regarde toutes les facettes liées au développent et au comportement de l’enfant. Malgré ses défis et ses difficultés, mon garçon y sera toujours accueilli à bras ouverts», a-t-il confié.

La première projection du court-métrage de Valérie Banville a suivi les allocutions. D’une quinzaine de minutes, le documentaire était présenté en boucle toute la fin de semaine à la salle 207 du Centre culturel France-Arbour.

Un dévouement nécessaire

Visiblement touchée, Diane Dumont s’est dite rassurée de voir autant de gens présents à l’événement.

Mais qu’est-ce qui explique la longévité de l’AGDIA d’après sa directrice générale? Le dévouement de ses fondateurs et de ses membres actuels. Surtout, la nécessité d’un tel organisme au sein d’une communauté où les besoins sont criants en termes de ressources.

Deux membres et une éducatrice de l’association réunies lors des célébrations: Naomie Brodeur, Christine Delorme et Sabrina Tchadej. (Jimmy Plante/La Voix de l’Est)

Puisque l’AGDIA remplit une mission «noble». En plus de favoriser l’intégration dans la société, l’association défend les droits et promeut les intérêts de sa clientèle. Elle offre l’information et le soutien aux parents, à la famille d’accueil et à la fratrie, et sensibilise et éduque la population face aux différences.

Diane Dumont se trouve dans la boutique de l'AGDIA, qui sera inaugurée prochainement. Cette boutique offrira aux usagers de l'AGDIA l'opportunité de s'exercer à différentes tâches, tout en leur permettant de travailler pour financer l'accès aux services de l'organisme. (Photo: GranbyExpress-Abdennour Edjekouane)

 

COMMUNAUTÉ. COMMUNAUTÉ. À cette occasion, l’Association Granby pour la -Déficience intellectuelle et l’autisme (AGDIA) invite l’ensemble de la population à participer gratuitement à ses festivités le 25 novembre prochain, à 13h, au Centre France-Arbour à Granby. À travers cet événement, l’organisme vise à rapprocher ses usagers de la communauté locale, avec pour objectif principal d’encourager le dialogue et de sensibiliser le public aux réalités des personnes vivant avec une déficience intellectuelle (DI) ou de l’autisme.

Au tournant du 20e siècle, les hôpitaux psychiatriques (ainsi que quelques centres d’accueil et de réadaptation, centres d’hébergement, écoles spéciales et ateliers protégés) constituaient les seuls établissements en mesure d’accueillir les personnes vivant avec une DI. Ce n’est que dans les années 50 et 60 qu’il y a une certaine prise de conscience quant à la nécessité de développer des services correspondant aux besoins des personnes avec DI. «Dans les années 50, les gens vivant avec une DI étaient encore institutionnalisés, parce que c’était mal vu. On les mettait de côté, et on ne pensait pas qu’ils pouvaient se développer et apprendre (…). Lorsque ma mère a accouché de ma sœur (trisomique), on lui a dit qu’elle avait péché en mettant au monde un enfant comme ça», a raconté Diane -Dumont, directrice générale de l’AGDIA.

C’est dans les années 80 qu’une désinstitutionnalisation est entamée au Québec, et qu’émerge le concept d’intégration sociale des personnes handicapées. À cette époque, un centre de loisirs pour déficients mentaux avait déjà vu le jour à Granby, sous le nom de Jardin de Pipo. En 1994, il est officiellement renommé L’Association Granby pour la déficience intellectuelle. «Les parents les gardaient à la maison, il fallait donc offrir des services pour les soutenir. On a forcé leur intégration dans les écoles, mais c’était une intégration davantage physique que sociale. On ne prenait pas le temps de leur offrir tous les services dont ils avaient besoin pour se développer comme les autres, et c’est encore un constat que nous avons aujourd’hui au niveau des emplois», a expliqué Mme Dumont.

Puis, en 2018, l’association s’est dotée de grands locaux avec pignon sur rue afin d’offrir toute une panoplie d’activités de jour et de soir, tout au long de l’année. Aujourd’hui, pour Diane Dumont, le plus grand combat est d’assurer une insertion professionnelle inclusive pour les personnes vivant avec une DI. «Les gens qui vivent avec une DI ont les mêmes envies et désirs que nous. Comme vous et moi, un jour ils veulent être en couple, vivre dans un appartement, avoir un travail et avoir des enfants (…). Ils ont ce désir parce que c’est le cheminement de tout le monde. C’est ça que les gens ne réalisent pas», a mentionné la directrice générale.

Promouvoir les emplois inclusifs

Diane Dumont insiste sur l’importance des emplois inclusifs, soulignant que les personnes vivant avec une DI peuvent effectuer le même travail que n’importe qui, mais nécessitent parfois un accompagnement spécifique. Les personnes autistes, par exemple, sont souvent hypersensibles et ont besoin d’un environnement calme, hors de tout stimulus. «Il y a une dame qui me disait que quand je lui parle et qu’il y a une radio qui joue à côté, elle doit associer chacun de mes mots aux paroles des chansons pour savoir si elle peut les assortir. Il y a un autre monsieur qui me disait que lorsqu’il lit un texte, il doit associer chaque mot à une image pour pouvoir lire son texte. Ce sont des gens qui travaillent beaucoup plus que nous autres, c’est juste leur cerveau qui fonctionne différemment», a précisé la DG.

«Un emploi inclusif, c’est permettre à ces gens-là de venir d’avance, de regarder les lieux et de s’adapter, avant de leur demander tout de suite d’être efficaces au travail. Il faut leur donner le temps de se poser pour mettre les choses en place (…). Il faut prendre le temps de comprendre leurs besoins, leurs capacités et leurs faiblesses, parce qu’ils ont de la difficulté à l’exprimer. Ils ne comprennent pas qu’on ne comprenne pas. Pour eux, c’est la logique», a-t-elle ajouté.

Dans un monde où l’intégration semble être une réalité dans les écoles et divers endroits, la réalité pour certains demeure une dure épreuve. Malgré les efforts pour s’intégrer, les personnes vivant avec une DI ou de l’autisme sont souvent confrontés au rejet, aux regards méfiants et aux insultes. C’est dans ce contexte que l’AGDIA devient un veritable refuge. «Quand ils viennent ici, ils se retrouvent entre eux et ils se font de vrais amis qui les comprennent, c’est important qu’ils puissent se retrouver entre eux. De l’autre côté, on fait plein d’activités dans la communauté pour que les gens nous voient et nous côtoient, et aussi pour que nos membres apprennent à prendre la parole pour exprimer leurs besoin», a fait savoir Mme Dumont.

Ainsi, c’est dans cette optique que l’AGDIA a décidé de fêter en grand ses 55 ans, le 25 novembre prochain. Pour l’occasion, un documentaire intitulé «Tu es mon humanité» sera également projeté au Centre France-Arbour. Écrit et réalisé par Valérie Banville, avec la participation des membres de l’AGDIA, le documentaire retrace le parcours d’adultes ayant une déficience intellectuelle (DI) et un trouble du spectre de l’autisme (TSA) à Granby.

(Photo et reportage: GranbyExpress-Abdennour Edjekouane)

 

GRANBY, 16 novembre 2023 — 

Afin de souligner ses 55 ans d’activité, l’Association Granby pour la déficience intellectuelle et l’autisme invite la communauté à souligner avec elle cet événement bien spécial. Ainsi, les 25 et 26 novembre prochains, les visiteurs et visiteuses seront accueillis à la salle 207 du Centre Culturel France-Arbour par des membres de l’AGDIA. Un documentaire présentant le chemin parcouru par l’Association et ses membres depuis 1968 sera projeté toutes les 30 minutes. Écrit et réalisé par Valérie Banville, ce court-métrage a bénéficié de la participation des membres de l’AGDIA, dont Camylle LeSieur et Jules Saint-Jean-Banville, ainsi que du personnel et de la directrice générale de l’organisme communautaire, Diane Dumont. Un aperçu du documentaire, produit grâce à l’aide financière de la ville de Granby dans le cadre de son programme de soutien aux initiatives culturelles, sera également disponible sur la page Facebook de l’AGDIA à partir du samedi 18 novembre. Pour finir, l’œuvre photographique ”Ensemble, nous sommes l’humanité’’ sera crée au fil des deux journées par les participants à l’événement. Cette installation collective vise à symboliser l’alliance entre les personnes ayant une déficience intellectuelle et tous les individus de notre société.

La célébration, ainsi que la première présentation du court-métrage, auront lieu à 13h, le samedi 25 novembre. Par la suite, le documentaire sera présenté à 14 h 30, 15 h et 15 h 30 et le dimanche à 13 h, 13 h 30, 14 h, 14 h 30, 15 h et 15 h 30. Les membres de l’AGDIA et l’œuvre collective seront de la partie durant les deux journées. Le Centre Culturel France-Arbour est situé au 279, rue Principale, à Granby.