Un projet de 24 logements supervisés à Granby
L’Association Granby pour la déficience intellectuelle et l’autisme (AGDIA) vient de mettre officiellement sur les rails un projet d’hébergement supervisé, qui nécessitera un investissement estimé à neuf millions de dollars.
Les besoins de logements pour les personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA) sont criants, constatent les membres de l’équipe de l’AGDIA, qui épaulent cette clientèle depuis 1970. Or, rares sont les initiatives qui voient le jour. L’association a donc décidé de prendre les choses en main en lançant son propre projet il y a près de deux ans.
«Ces personnes sont souvent très vulnérables et leurs parents, dans bien des cas, ne sont plus capables d’en prendre soin. Ils ont peur que leurs enfants se retrouvent en CHSLD quand ils ne seront plus là. Et on essaie de les mettre dans des familles d’accueil, mais il y a très peu de places dans la région. Alors, on veut faire la différence», a indiqué en entrevue la directrice générale de l’AGDIA, Diane Dumont.
La DG évoque par ailleurs que «plus de 65 personnes sont en attente d’un logement supervisé dans la région».
Bougie d’allumage
L’engagement d’un philanthrope à la hauteur d’un demi-million de dollars fut une véritable bougie d’allumage pour le projet de l’AGDIA, a mentionné Diane Dumont. «Le donateur était impressionné et touché par ce que l’on fait. Alors, il a décidé d’investir. Ça a été le coup d’envoi.»
Les choses se sont rapidement enchaînées par la suite, notamment le choix du site. L’AGDIA comptait initialement sur le don d’un terrain pour y ériger son immeuble de 24 logements supervisés. Cette option est finalement tombée à l’eau, a dit Mme Dumont.
Le projet doit désormais voir le jour sur un terrain attenant à celui qui accueille le quartier général de l’AGDIA, rue Saint-Urbain à Granby. Une offre d’achat conditionnelle à la réalisation de l’initiative aurait été déposée selon la directrice générale.
On a opté pour un bâtiment de deux étages en L abritant 24 logements, principalement pour assurer la viabilité du projet. L’étage supérieur regrouperait 12 logements de trois pièces et demi puis le rez-de-chaussée totaliserait 12 studios (1 1/2) avec des espaces communs. «Notamment une cuisine collective pour ne pas que les personnes soient isolées dans leur logement. Et il y aura deux salles adjacentes à la cuisine pour réduire le bruit, principalement pour les personnes autistes, en évitant que tout le monde se retrouve au même endroit et proposer différentes activités», a mentionné Diane Dumont.
Des intervenants de l’AGDIA se relaieraient pour assurer une supervision 24 heures sur 24 sur place. «On veut laisser la liberté aux locataires, a assuré la directrice générale. Ce ne sera pas contrôlé comme dans une famille d’accueil. Mais, il y aura toujours quelqu’un de bienveillant pour s’assurer qu’il n’y aura pas d’abus, protéger [les résidents] et répondre à leurs questions.»
Si tout se déroule sans accroc, le chantier sera lancé à l’automne 2025, alors que l’occupation des lieux est prévue l’année suivante.
Questionnée au sujet de la méthode d’attribution des logements, Diane Dumont a concédé qu’il s’agit d’un dilemme auquel devra s’attaquer sous peu l’AGDIA. «On est conscients que c’est problématique et que ce ne sera pas facile, a-t-elle dit. En ce moment, on a une liste d’attente.»
Campagne de financement
Jusqu’à maintenant, l’AGDIA a amassé un peu moins de quatre millions de dollars. «Ça inclut une subvention de 20 % du montant total provenant de la municipalité, qui est obligatoire dans un projet comme celui-là. Et il y aura une subvention qui viendra de la SHQ [Société d’habitation du Québec]. Le reste provient de dons de la communauté», a spécifié Mme Dumont.
L’association espère obtenir également l’aide financière du fédéral à la hauteur de cinq millions de dollars.
Alors que la ligne d’arrivée semble se profiler à l’horizon, l’AGDIA vient de lancer une campagne de financement pour boucler le budget. Le premier jalon est une soirée-bénéfice, qui aura lieu le 22 mars au Castel de Granby, où l’on espère accueillir près de 300 personnes.
L’animation sera assurée par l’imitateur et humoriste Michaël Rancourt. L’auteure à succès Kim Thuy donnera quant à elle une conférence intitulée «Vivre avec un enfant autiste et les enjeux de société.» L’objectif financier a été fixé à 100 000$.