L’embauche inclusive… une solution gagnante

«Les personnes vivant avec l'autisme et la déficience intellectuelle peuvent contribuer à la société. Il faut tout simplement leur donner une chance, les intégrer et comprendre leurs besoins», indique Diane Dumont, directrice générale de l’AGDIA.

Le Centre des congrès de Granby était plein à craquer, samedi, à l’occasion d’une journée de l’emploi riche en belles occasions. Au service des personnes vivant avec la déficience intellectuelle et l’autisme, Diane Dumont profitait du moment, à son kiosque, pour vanter les mérites d’une embauche inclusive.


Décidément, l’heure était aux découvertes pour les citoyens à la recherche de l’emploi parfait. La salle était comble. On y retrouvait 177 kiosques tenus par des employeurs de diverses sphères, des experts en formation pour adultes et en soutien à l’embauche.

Immigrants, étudiants ou travailleurs mûrs… peu importe. Les gens pouvaient dénicher les informations nécessaires en vue d’une réorientation ou d’une première intégration sur le marché de l’emploi. À preuve, l’événement comptait sur la participation de l’Association granbyenne pour la déficience intellectuelle et l’autisme (AGDIA).

«Nous sommes présents pour recruter des candidats et des employeurs qui souhaitent offrir des opportunités inclusives aux personnes qui vivent avec la déficience intellectuelle (DI) ou le trouble du spectre de l’autisme (TSA)», expliquait sa directrice générale, Diane Dumont.

Soutiens et accompagnements

Depuis plusieurs années, l’AGDIA accompagne ses candidats en proposant une gamme de services adaptés pour leur permettre de réaliser leur plein potentiel. L’organisme accompagne dans la recherche d’emploi, la rédaction du curriculum et lors de l’entrevue. Le suivi peut se prolonger tout au long de la carrière. Les employeurs sont aussi soutenus pour adapter leurs approches aux besoins spécifiques des candidats.

«On se rend compte que les personnes ciblées ont besoin d’un accompagnement pour mettre des routines en place, réduire le stress, notamment. L’employeur peut aussi nous joindre. Il est informé, conscientisé, puisque certains candidats vivent une grande sensibilité. Ils peuvent être surchargés par certains éléments du travail ou du quotidien», ajoutait la responsable.

«Notre approche mise avant tout sur l’adaptation.»

—  Diane Dumont

Déjà, l’organisation a développé des collaborations avec divers employeurs dans des secteurs tels que l’alimentation, le commerce de détail et le secteur manufacturier. Elle propose des services de recrutement pour les entreprises parmi une liste de candidats et offre des formations sur l’inclusion pour une intégration réussie.

Le trou et le coup de foudre

Les spécialistes de l’organisme qui œuvrent sur le terrain connaissent bien les réalités et les fonctionnements des personnes vivant avec une DI ou un TSA. Formatrice et conseillère en cheminement, Martine Daigle a énuméré quelques exemples de cas qui ont nécessité un accompagnement auprès d’un travailleur.

Diane Dumont et Martine Daigle représentaient fièrement l'AGDIA.

Diane Dumont et Martine Daigle représentaient fièrement l’AGDIA. (Nicolas T. Parent/La Voix de l’Est)

«J’ai suivi une personne à son emploi et j’ai constaté qu’elle n’était pas nécessairement réceptive. Finalement, elle m’a dit qu’elle avait un trou dans son bas. Ça peut sembler anodin, mais le trou prenait toute la place dans son esprit. Elle ne ressentait que ça», racontait la dame.

Pour sa part, Diane Dumont raconte l’histoire d’une candidate qui est tombée en amour avec un autre employé sur son lieu de travail. L’organisme l’a soutenu, puisqu’il s’agissait d’une première expérience. La jeune femme n’avait jamais vécu le coup de foudre auparavant. Les sentiments la déstabilisaient au point d’affecter son rendement au travail.

«Nous avons également aidé un jeune homme dont le trajet de transport en commun a été modifié en marge de travaux routiers. Un détail pour le commun des mortels, mais il était perdu et la situation occupait toute la place», avouait Mme Dumont.

«La situation peut sembler bizarre et l’employeur ne sait peut-être pas comment réagir. Nous sommes présents sur le terrain pour accompagner, expliquer et régler le problème.»

—  Martine Daigle

Gagnant-gagnant

La directrice générale insiste sur une chose. La présence des personnes aux besoins particuliers sur le marché du travail demande une bonne dose d’adaptation, mais apporte de multiples avantages aux parties prenantes. Un employé bien intégré gagne en autonomie et en estime. Le travail permet de briser l’isolement et des risques liés à la santé mentale.

«Les personnes aux défis particuliers, vivant avec le TSA ou la DI, sont capables de travailler et de contribuer à la société. Il faut seulement les accommoder, comme pour n’importe quel employé, peu importe la situation et les défis. Il faut leur donner la chance et le temps.»

L’employeur, quant à lui, profite d’une source de main-d’œuvre trop peu utilisée dans une situation de pénurie généralisée. Mme Dumont vante les qualités d’une clientèle ponctuelle, attentionnée et minutieuse. Les personnes aux défis particuliers voient tous les détails. La compréhension logique est particulièrement élevée.

«Et ils sont toujours de bonne humeur. Ils rallient les gens et sont très méthodiques. Tous les matins, ils ne veulent pas manquer le travail. Des gens dévoués et motivés, qui comptent plein de qualités que les employeurs recherchent. Il ne faut pas s’arrêter à la première journée de travail. Adaptation et patience», rappelait la directrice générale.

Les citoyens et les employeurs qui souhaitent en apprendre davantage peuvent visiter le site web de l’AGDIA. Il est possible de contribuer financièrement à la mission de l’organisme, qui accompagne les familles et les personnes aux défis particuliers depuis 55 ans.

Par Nicolas T. Parent, La Voix de l’est